Appendices

Appendice I Écologie de Dune

Au-delà d’un point critique dans un espace fini, la liberté décroît comme s’accroît le nombre. Cela est aussi vrai des humains dans l’espace fini d’un écosystème planétaire que des molécules d’un gaz dans un flacon scellé. La question qui se pose pour les humains n’est pas de savoir combien d’entre eux survivront dans le système mais quel sera le genre d’existence de ceux qui survivront.

Pardot Kynes

Premier Planétologiste d’Arrakis.


Aux yeux du nouvel arrivant, Arrakis apparaît comme une terre d’une désolation absolue. L’étranger pense immédiatement que rien ne peut y vivre ou y pousser, qu’il a devant lui un désert qui n’a jamais connu la fertilité et ne la connaîtra jamais.

Pour Pardot Kynes, la planète n’était qu’une forme d’énergie, une machine mue par son soleil. Il suffisait de la façonner pour répondre aux besoins des hommes et, immédiatement, il pensa à la population humaine d’Arrakis qui se déplaçait librement à la surface d’Arrakis : les Fremen. Quel défi ils représentaient ! Et quel outil ! Une force écologique et géologique de potentiel quasi illimité.

Pardot Kynes était un homme simple et direct. Il lui fallait échapper aux contraintes harkonnens ? Qu’à cela ne tienne. Il épousa une femme fremen. Quand elle lui donna un fils, Liet-Kynes, il entreprit de lui inculquer, ainsi qu’aux autres enfants, les bases de l’écologie, créant pour cela un nouveau langage de symboles qui préparait l’esprit à la manipulation d’un paysage tout entier, de ses climats, de ses saisons, qui rejetait tout concept de force au profit d’une conscience claire de l’ordre.

« Sur toute planète favorable à l’homme, disait Kynes, il existe une sorte de beauté interne faite de mouvement et d’équilibre. Cette beauté produit un effet dynamique stabilisateur qui est essentiel à l’existence. Sa fonction est simple : maintenir et produire des schémas coordonnés de plus en plus diversifiés. C’est la vie qui augmente la capacité de tout système clos à entretenir la vie. La vie dans sa totalité est au service de la vie. Au fur et à mesure qu’elle se diversifie, les aliments nécessaires deviennent plus disponibles. Tout le paysage s’éveille, les relations s’établissent, s’interpénètrent. »

Ainsi parlait Pardot Kynes dans les classes des sietch.

Mais avant d’entreprendre ses cours, cependant, il lui avait fallu convaincre les Fremen. Pour comprendre comment ce fut possible, il faut savoir d’abord avec quelle innocence, quelle opiniâtreté il abordait tous les problèmes. Non pas qu’il fût naïf, mais il ne s’autorisait aucune distraction.

Il explorait Arrakis à bord d’un véhicule monoplace quand, par un après-midi torride, il fut témoin d’une scène déplorablement banale. Six mercenaires d’Harkonnen, lourdement armés et munis de boucliers, avaient cerné trois jeunes Fremen derrière la falaise du Bouclier, près du village du Sac-de-vent. Kynes eut d’abord l’impression d’assister à une escarmouche sans gravité jusqu’à ce qu’il se rendît compte que les Harkonnens avaient l’intention de tuer les Fremen. Déjà l’un des jeunes Fremen gisait à terre, une artère sectionnée et deux des mercenaires étaient hors de combat. Mais il restait quatre Harkonnens face à deux hommes du désert.

Kynes n’était pas vraiment courageux. Il était prudent et opiniâtre, c’est tout. Les Harkonnens tuaient des Fremen. Ils détruisaient les outils qu’il avait l’intention d’utiliser pour façonner la planète ! Il activa son propre bouclier, se lança dans la bataille et abattit les deux Harkonnens avant qu’ils sachent qui surgissait sur leurs arrières. Il esquiva l’attaque du troisième et lui trancha la gorge d’un entretisser impeccable, abandonnant le quatrième aux jeunes Fremen pour se porter au secours du blessé qui saignait sur le sol. Et il parvint à le sauver… au moment où périssait le sixième et dernier Harkonnen.

Et c’est là que l’affaire se complique ! Les Fremen ne savaient pas ce qu’ils devaient faire de Kynes. Bien sûr, ils savaient qui il était. Nul homme ne pouvait arriver sur Arrakis sans que les Fremen soient en possession d’un dossier très complet le concernant. Ils savaient donc très bien qu’il était au service de l’Empereur.

Mais il venait de tuer des Harkonnens !

Des adultes auraient sans doute haussé les épaules avant de l’envoyer rejoindre les six Harkonnens. Mais ces Fremen étaient jeunes et inexpérimentés et tout ce qu’ils comprirent fut qu’ils devaient la vie à ce serviteur de l’Empereur.

Deux jours plus tard, Kynes se retrouva dans un sietch qui dominait la Passe du Vent. Pour lui, tout cela n’était que très naturel. Il parla de l’eau aux Fremen, des dunes maintenues par l’herbe, des palmeraies où l’on pourrait cultiver des dattiers, de qanats à ciel ouvert sillonnant le désert. Il parlait, parlait, parlait sans cesse.

Et il n’avait pas conscience du débat dont il était l’objet. Que faire de ce fou ? se demandaient les Fremen. Il connaissait maintenant la position d’un sietch important. Que faire ? Et que racontait-il donc ? Qu’est-ce que c’était que cette histoire d’Arrakis transformée en paradis ? Il ne faisait que parler. Il en savait trop. Mais il avait tué des Harkonnens ! Et le fardeau de l’eau ? Depuis quand devons-nous quelque chose à l’Imperium ? Il a tué des Harkonnens, oui, mais n’importe qui peut le faire. Moi aussi, j’ai tué des Harkonnens. Mais que raconte-t-il à propos de la fertilisation d’Arrakis ? Où est l’eau nécessaire ? Il dit qu’elle se trouve ici ! Et il a sauvé trois des nôtres. Trois jeunes idiots qui se sont trouvés sur le chemin des Harkonnens ! Il a vu les krys !

Bien avant qu’elle fût exprimée, on connut la décision. Le tau d’un sietch dicte leur conduite à ses membres, il prescrit les plus brutales obligations.

Un combattant expérimenté fut envoyé avec un couteau consacré, suivi de deux porteurs d’eau qui devaient recueillir l’eau du corps. Brutale obligation.

On peut douter que Kynes se soit rendu compte de l’arrivée de ce bourreau. Il était fort occupé à discourir devant un groupe qui s’était formé à prudente distance. Tout en parlant, il marchait de long en large et gesticulait. De l’eau partout, disait-il. Plus besoin de distille pour marcher dans le désert ! De l’eau dans les lacs ! Des portyguls dans les vergers !

L’homme au couteau s’avança, se trouva face à Kynes.

« Otez-vous d’ici ! » dit Kynes, et il continua de parler, évoquant des pièges à vent secrets. Il passa devant l’homme et offrit son dos au coup rituel.

On ne saura jamais ce qui se produisit alors dans l’esprit du bourreau. Écouta-t-il et comprit-il à ce moment les paroles de Kynes ? Qui sait ?… Mais, en tout cas, on sait ce qu’il fit. Il se nommait Uliet, ce qui signifie Liet le Vieux. Uliet, donc, fit trois pas en avant et, délibérément, s’abattit sur son couteau et mourut. Suicide ? Certains prétendent que ce fut Shai-hulud qui guida son geste.

Ainsi naissent les présages.

A partir de cet instant, Kynes n’eut qu’à lever le petit doigt et à dire : « Venez ! » Et ils vinrent. Par tribus entières, de toutes parts. Les femmes, les enfants, les hommes mouraient en chemin, mais ils venaient toujours.

Kynes repartit travailler pour l’Imperium dans les Stations de Biologie Expérimentale. Et des Fremen commencèrent à faire leur apparition au sein du personnel de ces stations. A ce stade, les Fremen se rendirent compte qu’ils étaient en train de s’infiltrer dans le « système » et c’était là une possibilité qu’ils n’avaient jamais envisagée. Certains outils que l’on employait dans les stations apparurent dans les communautés des sietch, et particulièrement les taillerays que l’on utilisait pour agrandir les bassins et creuser les pièges à vent.

L’eau commença de s’accumuler au fond des bassins.

Les Fremen se rendirent compte que Kynes n’était pas totalement fou, mais juste assez pour faire un saint. Il appartenait à l’umma, la confrérie des prophètes. Et Uliet s’en alla rejoindre les Sadus, les juges divins.

Kynes, l’homme direct et farouchement obstiné, savait que la recherche organisée au sommet ne produit rien de nouveau. Il créa donc de petites unités d’expérimentation qui échangeaient régulièrement des informations afin d’aboutir rapidement à l’effet de Tansley, chaque groupe suivant sa propre voie. Ils devaient accumuler des millions de faits infimes et Kynes n’organisait que des tests isolés et rapides afin de faire ressortir leurs difficultés.

Des échantillons furent prélevés dans tout le bled. On établit des cartes de ces longs courants de temps appelés climats. Kynes découvrit que dans la large ceinture comprise entre les 70e degrés de latitude nord et sud, les températures, depuis des milliers d’années oscillaient entre 254 et 332 degrés absolus. Cette zone avait de longues saisons de germination au cours desquelles la moyenne de température s’établissait entre 284 et 302°, ce qui laissait une marge confortable pour la vie terraformée… quand serait résolu le problème de l’eau.

Quand sera-t-il résolu ? demandaient les Fremen. Quand connaîtrons-nous le paradis sur Arrakis ?

Et, un peu comme un instituteur répondant à un enfant qui vient de lui demander combien font deux et deux, Kynes disait : « Dans quatre cents ou cinq cents ans. »

Un peuple inférieur aurait désespéré. Mais les Fremen avaient appris la patience sous le fouet. Ce délai leur semblait plus long que ce qu’ils avaient espéré mais le jour béni viendrait, c’est tout ce qui comptait. Ils serrèrent leurs ceintures et se remirent au travail. Pour un paradis que la déception rendait plus réel, en quelque sorte.

Le grand problème d’Arrakis n’était pas tant l’eau que l’humidité. Le bétail y était rare, les animaux domestiques inconnus. Certains contrebandiers utilisaient bien l’âne du désert, le kulon, comme animal de bât, mais le prix de l’eau nécessaire était prohibitif, même lorsque l’on réussissait à faire porter à l’animal un distille à sa taille.

Kynes songea à installer des usines pour synthétiser l’eau à partir de l’oxygène et de l’hydrogène présents dans les roches, mais le coût de l’énergie eût été trop élevé. Les calottes polaires qui donnaient aux pyons une fausse impression de richesse en eau n’en contenaient pas assez pour le projet de Kynes… Et il commençait déjà à soupçonner où l’eau devait se trouver. Aux altitudes moyennes et dans certains vents, le taux d’humidité augmentait significativement. Et puis, il y avait ce premier indice qui lui avait été fourni par la composition de l’air : 23 % d’oxygène, 75,4 % d’azote et 0,023 % de gaz carbonique, les gaz rares formant le reste.

Il existait une plante locale à racine, très rare, qui poussait dans la zone tempérée nord au-dessus de 2 500 mètres. Sa racine tubéreuse de deux mètres contenait près d’un demi-litre d’eau. Il y avait aussi les plantes désertiques terraformées dont certaines, dans les dépressions où l’on avait installé des précipitateurs de rosée, croissaient mieux que les autres.

C’est alors que Kynes découvrit la cuvette de sel.

Il se rendait d’une station à une autre en orni quand une tempête l’obligea à dévier de son cap. C’est ainsi qu’il découvrit la grande cuvette de sel, une immense dépression ovale de quelque trois cents kilomètres de long qui brillait d’un éclat aveuglant en plein désert.

Kynes atterrit, toucha la surface lisse et blanche et porta son doigt à ses lèvres.

Du sel.

Maintenant, il avait une certitude.

Autrefois, il y avait eu de l’eau sur Arrakis. Il repensa alors à ces puits asséchés où un filet d’eau était apparu, une fois, pour s’évanouir ensuite et ne plus revenir.

Kynes mit au travail sur la question ses limnologistes fremen nouvellement formés. Leur indice principal : des traces d’une matière semblable à du cuir que l’on retrouvait dans la masse d’épice après son explosion. Dans les contes folkloriques fremen, on attribuait cela à une mythique « truite des sables ». Les faits, en s’accumulant, dessinaient le portrait d’une créature qui pouvait effectivement être à l’origine de cette matière pareille à du cuir, une créature qui « nageait » dans le sable et qui isolait l’eau dans des poches fertiles, à l’intérieur de la couche poreuse inférieure, en dessous de la limite des 280° (absolus).

Dans chaque explosion de masse d’épice, ces « voleurs d’eau » mouraient par millions. Une variation de température de cinq degrés pouvait les tuer. Les quelques survivants entraient alors dans une phase de cysohibernation dont ils émergeaient six ans après sous la forme de petits vers de sable, longs d’environ trois mètres. Seuls quelques-uns réussissaient alors à échapper à leurs grands frères et aux poches d’eau de l’épice en gestation pour devenir avec le temps de gigantesques shai-hulud. (L’eau est un poison pour le shai-hulud. Les Fremen l’avaient appris depuis longtemps en noyant le « petit ver » de l’Erg Mineur pour produire le narcotique appelé Eau-de-Vie qui accroissait leur perception. Le « petit ver » de l’Erg Mineur est une variété primitive de shai-hulud qui ne dépasse jamais neuf mètres de long.).

A présent, ils avaient tout le cycle : du Petit Faiseur à la masse d’épice en gestation ; du petit faiseur au shai-hulud ; le shai-hulud dispersant l’épice qui nourrissait les microscopiques créatures appelées « plancton des sables » ; le plancton des sables, nourriture du shai-hulud, croissant et s’enfouissant pour devenir petit faiseur.

Se détournant alors des rapports, Kynes et les siens se concentrèrent sur la micro-écologie. Et tout d’abord sur le climat. La surface de sable atteignait souvent des températures de 344 à 350° absolus. A moins de cinquante centimètres de profondeur, la température s’abaissait de 55°. A cinquante centimètres au-dessus du sol, elle s’abaissait également de 25°. Des feuilles de matériau noir pouvaient permettre de gagner encore 18°. Les agents de nutrition, ensuite. Le sable d’Arrakis est en grande partie le produit de la digestion du ver. La poussière (le problème omniprésent) est produite, elle, par le balayage constant de la surface, le mouvement de « saltation » du sable. Les grains les plus grossiers se trouvent sur le versant opposé au vent, dans les dunes. Ceux qui se trouvent face au vent sont plus lisses et plus durs. Les plus vieilles dunes sont jaunes à cause de l’oxydation alors que les plus jeunes ont encore la coloration grise de la roche originelle.

Les versants opposés au vent des plus vieilles dunes constituèrent la première zone de plantation. Les Fremen commencèrent avec une herbe pour terrains pauvres qui comportait des fibrilles entrelacées pareilles à celles de la tourbe. L’objectif était de tasser et de fixer les dunes en privant le vent de son arme principale : les grains mobiles.

Des zones d’acclimatation furent développées loin des observateurs harkonnens dans le sud. Les herbes mutantes furent tout d’abord plantées sur les dunes situées sur le parcours des vents d’ouest dominants. Une fois que le versant opposé au vent était ancré, celui qui était offert au vent devenait de plus en plus haut et l’herbe était déplacée pour permettre l’édification de sifs géants (de longues dunes à la crête sinueuse) dont la hauteur dépassait parfois 1500 mètres.

Lorsque les dunes-barrières avaient atteint une altitude suffisante, le versant au vent recevait de nouvelles herbes, plus coriaces. Chaque structure était ainsi fixée sur une base ancrée.

On passa ensuite aux plantes à racines plus longues. Les éphémères d’abord (chénopodes, ansérine, amaranthe), puis genêt d’Écosse, lupin, eucalyptus (de la variété adaptée aux territoires nordiques de Caladan), tamaris nain, pin méditerranéen. Ensuite, les véritables plantes désertiques : castus candélabres, saguaro, cactus-tonneau. Et enfin, quand leur croissance était possible : la sauge, l’herbe de Gobi, l’avoine à froment, l’alfalfa sauvage, la verveine des sables, l’onagre, l’encens, le créosote, le fustet.

Puis ils introduisirent la vie animale nécessaire à l’aération du sol, des espèces fouisseuses : renard, rat-kangourou, lièvre du désert, terrapène… et des prédateurs pour l’équilibre : faucon du désert, hibou nain, aigle et chouette du désert. Des insectes, aussi, pour habiter les petits creux : scorpion, mille-pattes, araignée piégeuse, guêpe, mouche… et la chauve-souris du désert pour les surveiller.

L’épreuve cruciale, enfin : les dattiers, les cotonniers, les melons, le café, les plantes médicinales… Plus de deux cents variétés qui devaient être essayées, adaptées.

« Ce que ne comprend pas celui qui ignore tout de l’écologie, c’est qu’il s’agit d’un système », disait Kynes. « Un système ! Un système qui maintient une certaine stabilité qui peut être rompue par une seule erreur. Un système qui obéit à un ordre, à un processus d’écoulement d’un point à un autre. Si quelque chose vient à interrompre cet écoulement, l’ordre est rompu. Et celui qui ignore l’écologie peut ne pas intervenir avant qu’il soit trop tard. C’est pour cela que la plus haute fonction de l’écologie est la compréhension des conséquences. »

Avaient-ils construit un système ?

Ils attendirent, observèrent. Les Fremen, maintenant, comprenaient pourquoi Kynes avait prévu cinq cents ans de patience.

Un premier rapport arriva des palmeraies :

A la limite du désert, le plancton des sables est empoisonné par l’interaction avec les nouvelles formes de vie. Raison : incompatibilité des protéines. Il se formait là de l’eau empoisonnée que la vie d’Arrakis ne pouvait approcher. Une zone désolée se formait donc autour des plantations et Shai-hulud lui-même ne pourrait la franchir.

Kynes se rendit lui-même jusqu’aux palmeraies. C’était un voyage de vingt marteleurs (en palanquin, comme un malade ou une Révérende Mère, car jamais Kynes n’avait chevauché un faiseur). Il explora la zone désolée (et puante) et en revint avec une prime, un cadeau d’Arrakis.

L’addition de soufre et d’azote pouvait convertir la zone en un terrain particulièrement favorable à la vie terraformée. Les plantations pouvaient être étendues à volonté !

« Cela réduit-il le délai ? » demandèrent les Fremen.

Mais Kynes répondit par ses formules planétaires. Le programme de mise en place des pièges à vent était alors pleinement réalisé. Kynes se montra optimiste dans ses prévisions tout en sachant que l’on ne peut tracer des lignes nettes à partir de problèmes écologiques. Une partie de la couverture végétale devait être réservée au maintien des dunes. Une autre à l’alimentation humaine et animale. Une autre enfin devait permettre d’acheminer l’eau vers les zones sèches par le processus d’accumulation de l’humidité dans les racines. A cette époque, les zones froides du bled avaient été circonscrites et portées sur les cartes. Elles entraient également dans les formules. Shai-hulud lui-même y avait sa place. Sous aucun prétexte il ne devait être détruit, sous peine de mettre fin à la production d’épice. Mais son « usine » interne de digestion, avec ses concentrations colossales d’acides et d’aldéhydes, était une source immense d’oxygène. Un ver de taille moyenne (d’environ 200 mètres de long) dégageait dans l’atmosphère autant d’oxygène qu’une surface couverte de verdure sur dix kilomètres carrés.

Il fallait considérer le problème représenté par la Guilde. Déjà, le taux d’épice qui lui était versé pour que nul satellite ou un autre engin d’observation n’apparût dans le ciel d’Arrakis avait atteint des proportions gigantesques.

Et les Fremen ne pouvaient plus être ignorés. Les Fremen, avec leurs terres aux limites irrégulières, leurs pièges à vent. Les Fremen, avec leur culture écologique toute neuve et leurs rêves qui les faisaient couvrir Arrakis de prairies, puis de forêts.

Un résultat apparut. Trois pour cent, dit Kynes. S’ils pouvaient parvenir à ce que trois pour cent des plantes vertes d’Arrakis contribuent à la production de composés du carbone, ils auraient atteint le cycle autonome.

« Mais dans combien de temps ? » demandèrent les Fremen.

« Oh… Trois cent cinquante ans », dit Kynes.

Ainsi, il avait dit vrai dès le début : cette chose ne connaîtrait pas son terme avant que se soit écoulée une vie d’homme, avant huit générations… Mais cela viendrait un jour.

Le travail se poursuivit. On construisit, on planta, on creusa, on éduqua les enfants.

Et puis, Kynes l’Umma fut tué durant l’excavation du Bassin du Plâtre.

A cette époque, son fils, Liet-Kynes, avait dix-neuf ans. C’était un vrai Fremen, un cavalier des sables qui avait tué plus de cent Harkonnens. Le contrat impérial lui fut transmis normalement. Le système rigide des faufreluches remplissait tout aussi bien son rôle sur Arrakis. Et le fils avait été formé à l’école de son père.

Dès cet instant, le chemin était tracé et les Fremen écologiques y étaient engagés. Il suffisait à Liet-Kynes de les surveiller et de ne pas perdre de vue les Harkonnens… Jusqu’au jour où un Héros échut à cette planète.

Appendice II Religion de Dune

Comme le sait n’importe quel écolier, les Fremen d’Arrakis, avant la venue de Muad’Dib, pratiquaient une religion qui tirait ses origines du Moameth Saari. Depuis, nombreux sont ceux qui ont relevé ses nombreux emprunts à d’autres religions. L’exemple le plus courant est celui de l’Hymne de l’Eau qui appelle sur Arrakis des nuages de pluie que la planète n’a jamais vus et qui est directement repris du Manuel Liturgique Catholique Orange. Mais il existe encore bien d’autres points communs entre le Kitab al-Ibar des Fremen et les enseignements de la Bible, de l’Ilm et du Fiqh.

Toute comparaison portant sur les croyances religieuses qui prédominaient dans l’Imperium jusqu’à l’apparition de Muad’Dib doit s’accompagner d’une liste des forces principales qui étaient à la base de ces croyances :


1. Les adeptes des Quatorze Sages, dont le livre sacré était la Bible Catholique Orange et dont les idées sont exprimées dans les Commentaires et autre littérature issue de la Commission des Interprètes Œcuméniques (C.I.O.E.).

2. Le Bene Gesserit, qui nie être un ordre religieux mais qui opéra toujours derrière un impénétrable écran de rituel mystique et dont les méthodes d’éducation, l’organisation, la symbolique sont essentiellement religieux.

3. La classe dominante et agnostique (y compris la Guilde) pour laquelle la religion n’est qu’un théâtre de marionnettes destiné à amuser la populace et à la rendre docile. Cette classe croit dans l’essentiel que tout phénomène – même religieux – peut être expliqué de façon mécanique.

4. Les soi-disant Enseignements Anciens, qui comprennent ceux qui furent préservés des trois mouvements islamiques par les Errants Zensunni, le Navachristianisme de Chusuk, les Variantes Bouddislamiques de Lankiveil et Sikun, les Livres Mêlés de la Mahayana Lankavatara, le Zen Hekiganshu de Delta Pavonis III, la Taurah et le Zabur Talmudique qui étaient encore en usage sur Salusa Secundus, l’envahissant Rituel Obeah, le Muadh Quran avec l’Ilm et le Fiqh préservés par les planteurs de riz pundi de Caladan, les formes d’Hindouisme que l’on trouvait dans tout l’univers chez les pyons isolés et, enfin, le Jihad Butlérien.

La cinquième force existe, bien sûr. Elle façonne toutes les croyances, mais de façon universelle et profonde, à tel point qu’elle doit être considérée isolément. Il s’agit du voyage spatial que, dans toute discussion religieuse, il convient d’exprimer ainsi :


LE VOYAGE SPATIAL !


Durant les cent dix siècles qui précédèrent le Jihad Butlérien, l’essor de l’humanité dans l’espace marqua la religion d’une empreinte profonde. Le voyage spatial, dans les premiers temps, était lent, incertain et irrégulier, bien que largement répandu. Ceci, avant le monopole de la Guilde qui s’établit par un curieux et complexe concours de méthodes. Les premières expériences spatiales, dont on sut bien peu de choses et qui donnèrent lieu à toutes sortes de déformations, ouvrirent la voie à toutes les spéculations mystiques.

Immédiatement, l’espace donna un sens et un attrait différents au concept de Création. Cette différence est parfaitement visible dans les mouvements religieux les plus importants de cette période. L’essence sacrée de toutes les religions fut atteinte par cette sorte d’anarchie qui émanait de l’espace.

Ce fut alors comme si Jupiter, dans ses nombreux avatars, regagnait les ténèbres maternelles pour être remplacé par une immanence femelle pleine d’ambiguïté et dont le visage reflétait d’innombrables terreurs.

Les formules anciennes se fondirent, s’interpénétrèrent en s’adaptant aux nouvelles conquêtes et aux nouveaux symboles héraldiques. C’était comme un combat entre les démons d’un côté et les vieux prêtres et leurs invocations de l’autre.

Jamais il n’y eut de décision nette.

Durant cette période, on dit que la Genèse fut réinterprétée et les paroles de Dieu devinrent :

« Croissez et multipliez, et emplissez l’univers ; et soumettez-le, et régnez sur toutes les espèces de bêtes étranges et de créatures vivantes dans les cieux infinis, sur les terres infinies et sous elles. »

Ce fut une époque de sorciers dont les pouvoirs étaient réels. Jamais ils ne révélèrent comment ils prenaient les tisons à main nue.

Puis vint le Jihad Butlérien. Deux générations de chaos. Le dieu de la logique mécanique fut alors renversé dans les masses et un nouveau concept se fit jour :

« L’homme ne peut être remplacé. »

Ces deux générations de violence constituèrent une pause thalamique pour toute l’humanité. Les regards des hommes se portèrent sur leurs dieux et leurs rites et ils y lurent la plus terrible des équations : la peur multipliée par l’ambition.

Les chefs des diverses religions dont les fidèles avaient répandu le sang de millions de leurs semblables, hésitants, se réunirent pour échanger leurs points de vue. Ils y étaient encouragés par la Guilde Spatiale qui commençait à prendre le monopole des voyages interstellaires et par le Bene Gesserit, qui rappelait à lui les sorcières.

Les premières réunions œcuméniques eurent deux résultats majeurs :

1. On comprit que toutes les religions ont au moins un commandement en commun : « Point ne déformeras l’âme. »

2. La Commission des Interprètes Œcuméniques.

La C.I.O.E. se réunit sur une île neutre de la Vieille Terre, berceau des religions-mères. Le principe de la réunion était « la croyance commune en l’existence d’une Essence Divine dans l’univers ». Toute confession ayant au moins un million de fidèles était représentée et, de façon surprenante, un accord intervint très vite quant au but commun.

« Nous sommes ici pour ôter une arme essentielle des mains des croyants en conflit. Cette arme est la prétention à une seule et unique révélation. »

La joie qui éclata aussitôt devant ce « signe d’un profond accord » se révéla prématurée. Durant plus d’une année standard, la C.I.O.E. se limita à cette seule déclaration. On se mit à parler avec amertume du temps qui passait sans rien apporter. Les troubadours composèrent des chansons spirituelles et mordantes sur les 121 délégués de la C.I.O.E., les vieux « Chiens Ignobles » comme on les appelait depuis que courait un refrain de corps de garde à leur propos. L’une de ces chansons, « En terre molle », est venue jusqu’à nos jours :

« En terre molle ils dorment,

Tous ces vieux chiens ignobles.

Abrutis, sales et sourds,

Ils ne voient plus le jour.

Et passe, passe le temps,

Rien n’y fera plus,

Rien ni personne.

Foutez-leur la paix :

Ils dorment ! »

Des rumeurs filtraient parfois des réunions de la C.I.O.E. On disait que les délégués comparaient leurs textes et, inévitablement, on nommait ces textes. Ce genre de rumeurs finit par provoquer des troubles anti-œcuméniques et par susciter de nouvelles campagnes d’hostilité.

Deux années passèrent… puis trois.

Des Commissaires, neuf moururent et furent remplacés. On annonça alors la création d’un livre unique qui devait faire état de « tous les symptômes pathologiques » des religions du passé.

« Nous façonnons un instrument d’Amour qui sera utilisable de toutes les façons », dirent les Commissaires.

Certains considèrent qu’il est étrange que cette déclaration ait provoqué les pires explosions de violence que l’on eût jamais connues à propos d’œcuménisme. Vingt délégués furent rappelés par leur congrégation. L’un d’eux se suicida en volant une frégate spatiale pour aller plonger dans le soleil.

Selon les historiens, les troubles firent alors quatre-vingts millions de morts. Cela correspond à environ six mille morts pour chaque monde de la Ligue du Landsraad. Compte tenu de l’époque, cette estimation ne semble pas excessive. Mais il faut bien se garder de vouloir fournir des chiffres précis car les communications inter-mondes étaient alors à leur plus bas niveau.

Tout naturellement, les troubadours se déchaînaient. Une comédie musicale à succès montrait un délégué de la C.I.O.E. assis sur une plage de sable blanc au pied d’un palmier et chantant :

« Pour Dieu, la femme et la splendeur de l’amour,

Nous voici ici sans peurs ni soucis.

Ah troubadour, chante-moi une autre mélodie

Pour Dieu, la femme et la splendeur de l’amour ! »

Troubles et comédies sont des symptômes profondément révélateurs, à toute époque. Ils traduisent le climat psychologique, les incertitudes profondes… et l’espoir en quelque chose de meilleur, espoir mêlé de la crainte de ne rien voir venir, jamais.

Les barrages les plus sûrs contre l’anarchie étaient alors la Guilde (à l’état embryonnaire), le Bene Gesserit et le Landsraad, qui atteignait ses 2 000 années d’existence malgré les obstacles les plus sérieux. Le rôle de la Guilde semblait clair : elle offrait le transport au Landsraad et à la C.I.O.E. Le rôle du Bene Gesserit est moins évident. Il est certain qu’à cette époque, il consolidait son emprise sur les sorcières, explorait le domaine des narcotiques les plus subtils, développait l’entraînement prana-bindu et mettait sur pied la Missionaria Protectiva, cette arme noire de la superstition. Mais cette période vit aussi la création de la Litanie contre la Peur et la réunion du Livre d’Azhar, cette merveille bibliographique qui recèle les grands secrets des fois les plus anciennes.

Le commentaire d’Ingsley est sans doute le seul admissible : « Une époque de profonds paradoxes. »

Pendant presque sept ans, la C.I.O.E. continua son travail. Aux approches du septième anniversaire de l’assemblée, l’univers humain se prépara à une annonce historique. Quand le jour vint, la Bible Catholique Orange était née.

« Une œuvre pleine de dignité et de signification, dit-on. Un moyen pour l’humanité de prendre conscience d’elle-même en tant que création totale de Dieu. »

Les hommes de la C.I.O.E. étaient comme des archéologues des idées, inspirés par Dieu dans la grandeur de cette redécouverte. On prétendit qu’ils avaient mis en lumière « la vitalité des grands idéaux enrichis par les siècles », qu’ils avaient « renforcé les impératifs moraux de la conscience religieuse ».

En même temps que la Bible Catholique Orange, la C.I.O.E. présenta le Manuel Liturgique et les Commentaires qui sont par bien des aspects des œuvres remarquables, non seulement à cause de leur brièveté (moins de la moitié de la Bible C.O.), mais aussi par leur naïveté et leur mélange d’apitoiement et de pharisaïsme.

Le début constitue un appel évident aux dirigeants agnostiques.

« Les hommes, ne trouvant aucune réponse au sunnah (les dix mille questions religieuses du Shari-ah) appliquent maintenant leur propre raisonnement. Tous les hommes cherchent la lumière. La Religion n’est que la façon la plus ancienne et la plus vénérable de trouver un sens à l’univers créé par Dieu. Les savants cherchent les lois des événements. Le rôle de la Religion est de découvrir la place de l’homme dans cette légalité. »

Dans leur conclusion, cependant, les Commentaires ont un ton dur qui, très certainement, annonçait déjà quel serait leur destin.

« En grande partie, ce que l’on appelle religion a toujours eu une attitude inconsciemment hostile envers la vie. La véritable religion doit enseigner que la vie est pleine de joies plaisantes à l’œil de Dieu, que la connaissance sans action est vide. Tous les hommes doivent comprendre que l’enseignement de la religion par des règles est une duperie. Le seul enseignement qui soit valable est celui que l’on accepte dans le plaisir. Il est impossible de ne pas le reconnaître car il éveille en vous la certitude d’avoir toujours su ce qu’il vous apprend. »

Comme les presses et les imprégnateurs de shigavrilles se mettaient au travail pour répandre les paroles de la Bible Catholique Orange, une impression de calme se répandit sur les mondes. Certains interprétèrent cela comme un signe de Dieu, un présage d’unité.

Mais les délégués de la C.I.O.E. eux-mêmes démentirent ce calme en regagnant leurs congrégations respectives. Dix-huit d’entre eux furent lynchés dans les deux mois qui suivirent et cinquante-trois se désavouèrent dans l’année.

La Bible C.O. fut dénoncée comme une œuvre produite par « le nombril de la raison ». On déclara que ses pages étaient imprégnées d’un intérêt pour la logique très racoleur et des révisions commencèrent d’apparaître, qui avaient leur origine dans la bigoterie populaire. Elles s’appuyaient surtout sur les symboles acceptés depuis longtemps (la Croix, le Croissant, la Plume, les Douze Saints, le Bouddha d’ascèse…) et il devint vite évident que les superstitions anciennes n’avaient pas du tout été absorbées par le nouvel œcuménisme.

Halloway avait qualifié les sept années de travail de la C.I.O.E. de « galacto-phase déterministe ». Pour des milliards de personnes, les initiales G.D. prirent le sens de « gare à Dieu ! ».

Le Président de la C.I.O.E., Toure Bomoko, Ulema des Zensunnis qui faisait partie des quatorze délégués qui ne s’étaient encore jamais désavoués (« Les Quatorze Sages », selon la tradition populaire) admit finalement que la C.I.O.E. avait été une erreur. « Nous n’aurions pas dû essayer de créer de nouveaux symboles, dit-il. Nous aurions dû comprendre que notre rôle n’était pas d’introduire des incertitudes dans la croyance acceptée, d’éveiller la curiosité à l’égard de Dieu. Chaque jour nous sommes témoins de la terrifiante instabilité des choses humaines, et pourtant nous laissons nos religions devenir de plus en plus rigides et contrôlées, de plus en plus conformistes et oppressantes. Quelle est cette ombre sur le chemin du Commandement Divin ? C’est l’avertissement que portent les institutions puis les symboles quand le sens des institutions s’est perdu, un avertissement qui dit que la Somme de toutes les connaissances n’existe pas. »

Le double sens amer de cet « aveu » n’échappa point aux adversaires de Bomoko et, peu après, il fut obligé de fuir en exil, ne devant la vie sauve qu’au serment de silence de la Guilde. On dit plus tard qu’il avait trouvé la mort sur Tupile, honoré et adoré, et que ses dernières paroles avaient été : « La religion doit demeurer un moyen qui permette aux gens de se dire : Je ne suis pas tel que je voudrais être. En aucun cas, elle ne doit conduire à l’union des auto-satisfactions. »

On se plaît à penser que Bomoko comprenait le sens prophétique des mots : « Que portent les institutions. » Quatre-vingt-dix générations plus tard, la Bible C.O. et les Commentaires s’étaient répandus dans tout l’univers religieux.

Lorsque Paul-Muad’Dib posa la main droite sur le mausolée de pierre abritant le crâne de son père (la main droite de celui qui est béni et non la main gauche du damné) les paroles qu’il prononça provenaient directement du « Legs de Bomoko » :

« Vous qui nous avez défaits, dites-vous que Babylone fut abattue et ses œuvres dispersées. Pourtant, je vous le dis : l’homme est encore en jugement, chaque homme est une petite guerre. »

Les Fremen disaient de Muad’Dib qu’il était pareil à Abu Zide dont la frégate défiait la Guilde et pouvait aller là-bas puis revenir. Là-bas, dans la mythologie fremen, est le pays de l’esprit-ruh, l’alam al-mithal où toute limitation disparaît.

On voit évidemment le rapport avec le Kwisatz Haderach. Le Kwisatz Haderach qui était l’aboutissement du programme de sélection de la Communauté Bene Gesserit représentait « le court chemin » ou « celui qui peut être en deux endroits simultanément ».

Mais ces deux interprétations sont directement issues des Commentaires : « Quand la loi et le devoir religieux ne font qu’un, le moi enferme l’univers. »

De lui-même, Muad’Dib disait : « Je suis un filet dans la mer du temps, entre le passé et l’avenir. Je suis une membrane mobile à laquelle aucune possibilité ne peut échapper. » Ces pensées n’expriment qu’une seule et même chose que l’on retrouve dans le kalima 22 de la Bible C.O. qui dit : « Qu’une pensée soit ou non exprimée, elle demeure une chose réelle et elle en a les pouvoirs. »

Mais ce sont les propres commentaires de Muad’Dib, dans « Les Piliers de l’Univers » tels qu’ils furent interprétés par ses fidèles du Qizara Tafwid qui révèlent ses dettes à l’endroit de la C.I.O.E. et des Fremen-Zensunni.


Muad’Dib : « La loi et le devoir ne font qu’un ; qu’il en soit donc ainsi. Mais souvenez-vous de ces limitationsCar vous n’êtes jamais pleinement conscients. Car vous demeurez immergés dans le tau commun. Car vous êtes toujours moins qu’un individu. »

Bible C.O. : Formulation identique (Révélations 61.)


Muad’Dib : « La religion participe souvent du mythe du progrès qui nous protège des terreurs de l’avenir incertain. »

Commentaires de la C.I.O.E. : Formulation identique. (Le Livre d’Azhar attribue cette sentence à l’écrivain du 1er siècle, Neshou.)


Muad’Dib : « Si un enfant, une personne non éduquée, ignorante ou folle provoque des troubles, la faute en incombe à l’autorité qui n’a pas su prévoir et prévenir ces troubles. »

Bible C.O. : « Tout péché peut être expliqué, au moins en partie, par une mauvaise tendance naturelle qui est une circonstance atténuante acceptable par Dieu. » (Le Livre d’Azhar fait remonter l’origine de cette sentence à l’ancienne Taurah.)


Muad’Dib : « Tends ta main et prends ce que Dieu te donne ; et quand tu seras rassasié, remercie le Seigneur. »

Bible C.O. : Paraphrase de sens identique. (Attribuée sous une forme légèrement différente au Premier Islam par le Livre d’Azhar.)


Muad’Dib : « La tendresse est le début de la cruauté. »

Kitab al-Ibar des Fremen : « Le poids d’un Dieu de douceur est effrayant. Dieu ne nous a-t-il pas donné le soleil brûlant ? (Al-Lat) Dieu ne nous a-t-il pas donné les Mères d’Humidité ? (les Révérendes Mères) Dieu ne nous a-t-il pas donné Shaitan ? (Satan, Iblis) Et, de Shaitan, n’avons-nous point reçu la souffrance de la vitesse ? »

(Ceci est à l’origine de la maxime fremen : « De Shaitan vient la vitesse. » En effet : Pour chaque centaine de calories produites par l’exercice [la vitesse] le corps dégage six onces de sueur. Le mot fremen pour la sueur est bakka, assimilé à larmes, et se définit par : « L’essence de vie que Shaitan extrait de votre âme. »)


L’arrivée de Muad’Dib est qualifiée de « religieusement opportune » par Koneywell. Comme Muad’Dib le dit lui-même : « Je suis ici ; donc…»

Cependant, pour comprendre l’impact religieux de Muad’Dib, il est absolument nécessaire de ne jamais perdre de vue un fait : les Fremen étaient un peuple qui habitait le désert et qui, depuis longtemps, s’était habitué à un site hostile. Le mysticisme apparaît facilement lorsque chaque seconde de vie est gagnée en luttant. « Vous êtes là ; donc…»

Avec une telle tradition, la souffrance est acceptée, peut-être comme un châtiment inconscient, mais acceptée tout de même. Et il faut noter que les rites fremen libèrent presque complètement des sentiments de culpabilité. Ce n’était pas seulement parce que la loi et la religion ne faisaient qu’un, confondant désobéissance et péché. Il serait plus vrai de dire que les Fremen se purifiaient eux-mêmes de toute culpabilité parce que leur existence quotidienne nécessitait des jugements brutaux, voire radicaux qui, dans un milieu plus favorable, auraient chargé ceux qui les appliquaient d’un sentiment de culpabilité intolérable.

Et cela, sans doute, contribua en grande partie au développement de la superstition, si importante chez les Fremen (même sans tenir compte des implantations de la Missionaria Protectiva). Quelle importance cela a-t-il que vous deviez lire un présage dans le sifflement du sable ? Faire le signe du poing au lever de la Première Lune ? La chair d’un homme lui appartient et son eau appartient à la tribu. Le mystère de la vie n’est pas un problème à résoudre mais une réalité à vivre. Les signes et les présages vous aident à ne jamais l’oublier. Et parce que vous êtes ici, parce que vous avez la religion, la victoire ne saurait vous échapper.

Ainsi que le Bene Gesserit l’enseigna durant des siècles avant de se heurter aux Fremen :

« Quand la religion et la politique voyagent dans le même équipage et que cet équipage est conduit par un homme saint (baraka), rien ne peut l’arrêter. »

Appendice III Rapport sur les buts et motivations du Bene Gesserit

Ce qui suit est extrait de la Somme préparée par les agents de Dame Jessica à sa requête à la suite de l’Affaire d’Arrakis. La sincérité de ce rapport lui confère une valeur qui transcende largement l’ordinaire.


Durant des siècles, le Bene Gesserit agit sous le masque d’une école semi-mystique tout en poursuivant un programme de sélection parmi les humains. Pour cette raison, nous tendons à lui accorder plus d’importance qu’il n’en mérite apparemment L’analyse de son « jugement de fait » sur l’Affaire d’Arrakis révèle l’ignorance profonde de l’école quant à son propre rôle.

On peut certes faire valoir que le Bene Gesserit ne pouvait examiner que les faits dont il disposait et n’eut jamais directement accès à la personne du Prophète Muad’Dib. Mais l’école avait surmonté des obstacles bien plus importants et son erreur n’en apparaît que plus grave.

L’objectif du programme Bene Gesserit était l’apparition d’un être appelé le « Kwisatz Haderach », ce qui signifie : « Celui qui peut être en plusieurs endroits. » En termes plus simples, ce que désirait le Bene Gesserit, c’était un humain dont les pouvoirs mentaux lui permettraient de comprendre et d’utiliser des dimensions d’ordre supérieur.

Ils cherchaient un super-Mentat, un ordinateur humain qui aurait certains des pouvoirs prescients des navigateurs de la Guilde. Maintenant, examinons soigneusement les faits :

Muad’Dib, né Paul Atréides, était le fils du duc Leto, un homme dont la lignée, depuis plus de mille ans, était l’objet d’une surveillance attentive. La mère du Prophète, Dame Jessica, était une fille naturelle du baron Vladimir Harkonnen et portait des repères génétiques dont l’importance extrême pour le programme de sélection était connue depuis près de deux mille ans. Elle était un produit du Bene Gesserit, éduquée dans la Manière et aurait dû être un instrument consentant du programme.

Dame Jessica avait reçu l’ordre de donner une fille aux Atréides ; Le programme prévoyait l’union de cette fille avec Feyd-Rautha Harkonnen, neveu du baron Vladimir. Les probabilités d’apparition du Kwisatz Haderach étaient très élevées. Au lieu de cela, pour des raisons qui, selon elle, ne lui apparurent jamais très clairement, elle se retourna contre ses ordres et engendra un fils.

Cela déjà aurait dû alerter le Bene Gesserit. Une variante imprévisible venait de s’introduire dans le plan. Mais il y avait bien d’autres indications plus importantes que le Bene Gesserit ignora virtuellement :


1. Enfant, Paul Atréides révélait déjà des dispositions à prédire l’avenir. Il eut des visions prescientes particulièrement nettes et détaillées qui défiaient toute explication par la quatrième dimension.


2. La Révérende Mère Gaïus Helen Mohiam, Rectrice du Bene Gesserit qui vérifia l’humanité de Paul à l’âge de quinze ans, rapporta que, durant l’épreuve, il avait enduré une souffrance telle qu’elle n’avait jamais été infligée auparavant à un être humain. Pourtant, dans son rapport, elle omit de le signaler !


3. Lorsque les Atréides se transportèrent sur Arrakis, la population Fremen salua le jeune Paul comme un prophète, comme « la voix d’ailleurs ». Le Bene Gesserit savait parfaitement quel pouvait être le degré de sensibilisation de ces gens qui vivaient sur un monde rigoureux, désertique, totalement dépourvu d’eau, un monde où les nécessités primitives dominaient. Pourtant, les observateurs Bene Gesserit demeurèrent aveugles à la réaction des Fremen, de même qu’à l’élément nouveau et évident introduit par le régime à base d’épice.


4. Lorsque les Harkonnens et les soldats-fanatiques de l’Empereur Padishah réoccupèrent Arrakis, tuant le père de Paul et exterminant la plupart de ses hommes, Paul et sa mère disparurent. Presque immédiatement, des rapports mentionnèrent l’apparition d’un nouveau chef religieux chez les Fremen, un homme appelé « Muad’Dib » que l’on saluait à nouveau comme « la voix d’ailleurs ». Les rapports précisaient même qu’il était accompagné d’une nouvelle Révérende Mère du Rite Sayyadina, « qui est la femme qui lui a donné naissance ». Le Bene Gesserit avait également à sa disposition des documents qui citaient nettement les paroles de la légende fremen du prophète : « Il sera né d’une sorcière Bene Gesserit. »

(On peut faire remarquer quant à ce dernier point que la Missionaria Protectiva du Bene Gesserit avait accompli son œuvre sur Arrakis des siècles auparavant et y avait implanté certaines légendes destinées éventuellement à aider des membres de l’École qui viendraient à échouer sur ce monde et que cette « voix d’ailleurs » ne fut ignorée du Bene Gesserit que parce qu’elle évoquait très précisément une ruse Bene Gesserit courante. Mais cet argument n’aurait de valeur que si le Bene Gesserit avait eu des raisons d’ignorer tous les autres indices.)


5. Quand l’Affaire d’Arrakis éclata, la Guilde Spatiale fit des ouvertures au Bene Gesserit. La Guilde prétendait que ses navigateurs, qui utilisaient l’épice d’Arrakis pour susciter la prescience limitée qui était nécessaire au pilotage des astronefs dans le vide, étaient « inquiets à propos de l’avenir », qu’ils « voyaient des problèmes surgir à l’horizon ». Ce qui signifiait clairement qu’ils décelaient un nexus, une conjoncture de décisions multiples et difficiles au-delà de laquelle le chemin de l’avenir était barré. N’était-ce pas là la preuve que quelque force intervenait entre les dimensions ?

(Certaines Bene Gesserit savaient depuis longtemps que la Guilde ne pouvait intervenir directement à la source de l’épice car, déjà, les navigateurs s’occupaient des dimensions supérieures à leur propre et inepte façon et admettaient que le moindre faux pas sur Arrakis serait catastrophique. Il était bien connu que les navigateurs de la Guilde ne voyaient aucun moyen de s’emparer du contrôle de l’épice sans, justement, produire un tel nexus. La conclusion qui s’imposait donc était que quelqu’un, dont les pouvoirs étaient supérieurs, visait le contrôle de l’épice à la Source… Mais les Bene Gesserit ne comprirent pas cela !)

Devant ces faits, on en arrive à la conclusion que l’inefficacité du Bene Gesserit dans cette affaire ne fut que le résultat d’un plan plus vaste dont l’école n’avait pas la moindre connaissance !

Appendice IV Almanak en Ashraf

(Extraits sélectionnés des Maisons Nobles)

SHADDAM IV (10134–10202)

Empereur Padishah, 81e de la lignée (Maison de Corrino) à occuper le Trône du Lion d’Or. Il régna de 10156 (date à laquelle son père, Elrood IX, succomba au chaumurky) jusqu’en 10196 où lui succéda une Régence, instituée au nom de sa fille aînée, Irulan. Son règne fut surtout marqué par la Révolte d’Arrakis que certains historiens expliquent par son comportement superficiel et son goût du faste. Le nombre des Bursegs fut doublé durant les seize premières années de son règne. Dans les trente années qui précédèrent la Révolte, les crédits pour la formation des Sardaukar augmentèrent régulièrement. Il avait cinq filles (Irulan, Chalice, Wensicia, Josifa et Rugi) et aucun fils légitime. Quatre de ses filles l’accompagnèrent lorsqu’il se retira. Sa femme, Anirul, Bene Gesserit du Rang Caché, mourut en 10176.


LETO ATRÉIDES (10140–10191)

Cousin des Corrinos du côté maternel. Souvent appelé le Duc Rouge. La Maison des Atréides régit Caladan en fief-siridar durant vingt générations avant de recevoir Arrakis. Le duc Leto est surtout connu comme père du duc Paul Muad’Dib, Umma régent. Les restes du duc Leto se trouvent dans la « Tombe du Crâne » sur Arrakis. On attribue sa mort à la trahison d’un docteur de l’École Suk. L’acte fut perpétré par le Siridar-Baron Vladimir Harkonnen.


DAME JESSICA (Hon. Atréides) (10154–10256)

Fille naturelle (référence Bene Gesserit) du Siridar-Baron Vladimir Harkonnen. Mère du duc Paul Muad’Dib. Diplômée de l’école B.G. de Wallach IX.


DAME ALIA ATRÉIDES (10191–)

Fille légitime du duc Leto Atréides et de sa concubine, Dame Jessica. Dame Alia est née sur Arrakis huit mois après la mort du duc Leto. Les références B.G. la désignent comme « la Maudite », ce qui peut s’expliquer par une exposition prénatale au narcotique de perception. L’histoire populaire la désigne sous le nom de Sainte Alia du Couteau ou Sainte Alia. (Pour plus de détails, voir Sainte Alia, Chasseresse d’un Milliard de Mondes, par Pander Oulson.)


VLADIMIR HARKONNEN (10110–10193)

Communément désigné comme le baron Harkonnen. Son titre officiel était Siridar-(gouverneur planétaire) Baron. Vladimir Harkonnen était le descendant mâle direct du Bashar Abulurd Harkonnen qui fut banni pour couardise après la Bataille de Corrin. On attribue généralement le retour en grâce de la Maison Harkonnen à d’adroites spéculations sur le marché de la fourrure de baleine, spéculations qui furent renforcées par les bénéfices tirés du Mélange d’Arrakis. Le Siridar-Baron mourut sur Arrakis durant la Révolte. Le titre fut brièvement porté par le na-Baron, Feyd-Rautha Harkonnen.


COMTE HASIMIR FENRING (10133–10225)

Cousin de la Maison de Corrino par le côté maternel, il fut le compagnon d’enfance de Shaddam IV. (L’Histoire pirate de Corrino, souvent discréditée, rapporte de curieuses rumeurs selon lesquelles Fenring serait responsable de la mort d’Elrood IX.) Tous les témoignages s’entendent pour reconnaître que Fenring était le meilleur ami de Shaddam IV. Le comte Fenring fut Agent Impérial sur Arrakis durant le régime harkonnen et, plus tard, Siridar-Absentia de Caladan. Il rejoignit finalement Shaddam sur Salusa Secundus.


COMTE GLOSSU RABBAN (10132–10193)

Glossu Rabban, comte de Lankiveil, était le neveu aîné de Vladimir Harkonnen. Glossu Rabban et Feyd-Rautha Rabban (qui prit le nom d’Harkonnen lorsqu’il fut choisi pour régir la maison du Siridar-Baron) étaient les fils légitimes du plus jeune des demi-frères du Siridar-Baron, Abulurd. Abulurd renonça au nom d’Harkonnen, à tous les droits et à tous les titres lorsqu’on lui offrit le poste de gouverneur du sous-district de Rabban-Lankiveil. Rabban était son nom matrilinéaire.

LEXIQUE DE L’IMPERIUM


A

Aba : robe de forme vague portée par les femmes fremen. Généralement noire.

Ach : virage à gauche. Ordre lancé par l’homme de guide du ver.

Adab : la mémoire qui exige et qui s’impose à vous.

A. G. : avant la Guilde.

Akarso : plante originaire de Sikun (70 Ophiuchi A) et caractérisée par ses feuilles presque rectangulaires. Ses rayures blanches et vertes correspondent aux zones de chlorophylle active et dormante.

Alam al-Mithal : le monde mystique des similitudes où cessent toutes limitations.

Al-Lat : le soleil originel de l’humanité. Par extension : tout soleil d’un système.

Ampoliros : le légendaire « Hollandais Volant » de l’espace.

Amtal ou règle de l’Amtal : règle en usage sur les mondes primitifs et destinée à déterminer les défauts et les aptitudes d’un homme. Communément : l’épreuve de la destruction.

Aql : l’épreuve de la raison. A l’origine, les « Sept Questions Mystiques » qui commencent par « Qui est-ce qui pense ? »

Arbitre du Changement : désigné par le Haut Conseil du Landsraad et l’Empereur pour surveiller un changement de fief, une rétribution, ou une bataille dans une Guerre des Assassins. L’autorité de l’Arbitre ne peut être contestée que devant le Haut Conseil et en présence de l’Empereur.

Arrakeen : la première base d’Arrakis qui fut longtemps le siège du gouvernement planétaire.

Arrakis : troisième planète du système de Canopus. Plus connue sous le nom de Dune.

Assemblée : différente du Conseil, l’Assemblée est la convocation des chefs fremen afin d’assister à un combat pour le pouvoir tribal. (Un Conseil est une assemblée qui tranche des problèmes intéressant toutes les tribus.)

Auliya : dans la religion des Vagabonds Zensunni, la femelle à la main gauche de Dieu.

Aumas : poison administré avec la nourriture. (Plus particulièrement : avec la nourriture solide.) Chaumas dans certains dialectes.

Ayat : les signes de vie. (Voir Burhan.)


B

Bakka : dans la légende fremen, celui qui pleure pour toute l’humanité.

Baklawa : pâtisserie à base de sirop de datte.

Balisette : instrument de musique à neuf cordes, descendant de la zithra, accordé selon la gamme de Chusuk et dont on pince les cordes. Instrument favori des troubadours impériaux.

Baramark (pistolet) : pistolet à poudre et à électricité statique conçu sur Arrakis pour tracer de vastes signes sur le sable.

Baraka : homme saint aux pouvoirs magiques.

Bashar (souvent Colonel Bashar) : officier sardaukar qui, selon la hiérarchie militaire classique, est à un degré au dessus d’un colonel. Désigne également le responsable militaire d’un sous-district planétaire.

Bataille (langage de) : tout langage spécial à l’étymologie restreinte et destiné aux communications en temps de guerre.

Bedwine : voir Ichwan Bedwine.

Bela Tegeuse : cinquième planète de Kuentsing. Troisième station du Zensunni, la migration forcée des Fremen.

Bene Gesserit : ancienne école d’éducation et d’entraînement physique et mental réservé à l’origine aux étudiants de sexe féminin après que le Jihad Butlérien eut détruit les prétendues « machines pensantes » et les robots.

B. G. : sigle pour « Bene Gesserit ».

Bhotani jib : voir Chakobsa.

Bible Catholique Orange : le « Livre des Accumulations ». Texte religieux produit par la Commission des Interprètes Œcuméniques, contenant des éléments empruntés aux religions anciennes, du Saari de Mahomet, de la Chrétienté Mahayana, du Catholicisme Zensunni et des traditions Bouddislamiques. Son commandement suprême est : « Point ne déformeras l’âme. »

Bi-lal kaifa : Amen. (Littéralement : « Toute autre explication est inutile. »)

Bindu : en rapport avec le système nerveux humain et, plus particulièrement, avec l’entraînement nerveux. (Voir Prana.)

Bindu (suspension) : forme particulière de catalepsie volontaire.

Bled : désert plat.

Bobine : désigne toute impression sur shigavrille utilisée pour l’éducation et chargée d’une impulsion mnémonique.

Bordure : second niveau de la grande falaise du Bouclier d’Arrakis. (Voir Bouclier.)

Bouclier : champ de protection produit par un générateur Holtzman. Résulte de la Phase Un de l’effet d’annulation gravifique. Un bouclier ne peut être pénétré que par des mobiles à faible vitesse (cette vitesse allant de six à neuf centimètres par seconde) et ne peut être détruit que par un champ électrique de vastes dimensions. Désigne également une formation montagneuse du nord d’Arrakis qui protège un territoire de faible étendue des tempêtes coriolis.

Bourka : manteau isolant porté par les Fremen dans le désert.

Brilleur : dispositif d’éclairage autonome (généralement équipé de piles organiques) et muni de suspenseurs.

Burhan : les preuves de vie. (Communément : l’ayat et le burhan de vie. Voir Ayat.)

Burseg : général des Sardaukar.

Butlérien (Jihad) : voir Jihad (également Grande Révolte)


C

Caid : officier sardaukar plus particulièrement chargé des rapports avec les civils. Gouverneur militaire d’un district planétaire. Supérieur au Bashar sans être toutefois égal au Burseg.

Caladan : troisième planète de Delta Pavonis. Monde natal de Paul-Muad’Dib.

Canto et respondu : rite d’invocation de la panoplia propheticus de la Missionaria Protectiva.

Carte des creux : carte de la surface d’Arrakis faisant apparaître les routes de paracompas les plus sûres entre les refuges. (Voir Paracompas.)

Cavalier des sables : terme fremen désignant celui qui est capable de capturer et de chevaucher un ver des sables.

Chakobsa : le « langage magnétique » dérivé en partie de l’ancien Bhotani (Bhotani-Jib, jib signifiant dialecte). Formé de plusieurs dialectes modifiés pour les besoins du secret, et surtout du langage de chasse des Bhotani, les mercenaires de la première Guerre des Assassins.

Chaumas X (Aumas dans certains dialectes) : poison administré dans la nourriture solide par distinction avec tout poison administré sous une autre forme.

Chaumurky (Musky ou Murky dans certains dialectes) : poison administré dans une boisson.

Chenille : désigne tout engin destiné à opérer à la surface d’Arrakis et à participer à la récolte de l’épice.

Cheops : jeu des pyramides. Forme de jeu d’échecs à neuf niveaux dont le but est de placer la reine en apex et le roi adverse en échec.

Chercheur-tueur : petite aiguille de métal munie de suspenseurs et dirigée à distance. Moyen d’assassinat courant.

Choses sombres : expression idiomatique désignant les superstitions implantées par la Missionaria Protectiva au sein des civilisations instables.

Cherem : fraternité de la haine.

CHOM : sigle pour Combinat des Honnêtes Ober Marchands. Compagnie universelle contrôlée par l’Empereur et les Grandes Maisons avec la Guilde et le Bene Gesserit comme associés sans droit de vote.

Chusuk : quatrième planète de Têta Shalish, appelée encore « Planète des Musiciens » et renommée pour la qualité des instruments qui y sont fabriqués. (Voir Varota.)

Cielago : Chiroptère d’Arrakis modifié dans le but d’acheminer les messages distrans.

Collecteurs de rosée ou précipitateurs : à ne pas confondre avec Récolteurs de rosée. Les collecteurs et précipitateurs sont des appareils de forme ovoïde longs d’environ quatre centimètres. Ils sont faits d’un chromoplastique qui, soumis à la lumière, devient blanc et la reflète pour retrouver sa transparence dans l’obscurité. Les collecteurs constituent une surface froide sur laquelle la rosée de l’aube se condense. Les Fremen les utilisent surtout dans les plantations des bassins afin de recueillir un petit appoint d’eau.

Cône de silence : champ de distorsion qui limite la portée d’une voix ou de toute autre forme de vibration par la projection d’une vibration-parasite déphasée à 180°.

Coriolis (tempête) : désigne toute tempête d’ordre majeur sur Arrakis où les vents, soufflant sur les plaines, voient leur force accrue par la révolution de la planète pour atteindre parfois 700 kilomètres/heure.

Corrin (bataille de) : la bataille qui donna son nom à la Maison de Corrino. Elle eut lieu près de Sigma Dragonis en l’an 88 A. G. et établit le pouvoir de la Maison régnante sur Salusa Secundus.

Creux : dépression formée à la suite des mouvements des couches métamorphiques sous-jacentes.

Cristacier : acier stabilisé par des fibres de stravidium insérées dans sa structure cristalline.

Cuvette : sur Arrakis, désigne toute dépression ou région de basse altitude formée par l’effondrement des couches souterraines. (Sur les planètes pourvues d’eau, une cuvette indique une région autrefois occupée par un plan d’eau. On a relevé une seule trace de ce genre sur Arrakis mais la question est loin d’être résolue.)


D

Dar al-hikman : école religieuse de traduction et d’interprétation.

Derch : virage à gauche. Ordre lancé par l’homme de guide du ver.

Demi-frères : fils de concubines d’une même demeure et ayant le même père.

Dictum familia : règle de la Grande Convention qui interdit le meurtre d’une personne royale ou d’un membre d’une Grande Maison par une traîtrise illégale. La règle définit la forme et les limitations de l’assassinat.

Discipline de l’eau : inflexible, elle permet aux habitants d’Arrakis de survivre sans gaspiller l’humidité.

Diseuse de vérité : Révérende Mère qualifiée pour entrer en transe et distinguer la vérité du mensonge.

Distille : vêtement mis au point sur Arrakis et fait d’un tissu dont la fonction est de récupérer l’eau d’évaporation du corps et des déjections organiques. L’eau ainsi recyclée est recueillie dans des poches et peut être à nouveau absorbée à l’aide d’un tube.

Distrans : appareil utilisé pour pratiquer une impression neurale sur le système nerveux des oiseaux ou chiroptères. Le message s’intègre au cri normal de la créature et peut être lu par un autre distrans.

Dunes (hommes des) : désigne tous ceux qui travaillent dans le sable (chasseurs d’épice et autres), sur Arrakis.


E

Eau de Vie : poison d’« illumination ». (Voir Révérende Mère.) Liquide produit par un ver des sables (voir Shai-hulud) lorsqu’il meurt noyé et qui, transformé par l’organisme de la Révérende Mère, devient un narcotique provoquant l’orgie du tau.

Ecaz : quatrième planète d’Alpha Centauri B. Paradis des sculpteurs à cause du bois-brouillard, substance végétale que la seule pensée humaine parvient à façonner.

Ego-simule : portrait exécuté à l’aide d’un projecteur à shigavrille. Il reproduit les mouvements les plus subtils et l’on dit qu’il recèle l’essence de l’ego.

Elacca : narcotique obtenu par la torréfaction de bois d’elacca d’Ecaz. A pour effet d’atténuer dans des proportions majeures l’instinct de conservation. Confère à la peau une coloration carotte caractéristique. Généralement utilisé pour préparer les esclaves-gladiateurs pour l’arène.

El-sayal : la « pluie de sable ». Masse de poussière soulevée à une altitude moyenne (environ 2000 mètres) par une tempête coriolis et qui, en retombant au sol, ramène fréquemment de l’humidité.

Éperonneur : vaisseau spatial de combat formé de la réunion de plusieurs petits vaisseaux et destiné à détruire les positions ennemies en les écrasant sous son poids.

Entraînement : associé au Bene Gesserit, désigne tout un système d’éducation, de conditionnement nerveux et musculaire (voir Bindu et Prana) poussé aux limites des fonctions naturelles.

Épice : voir Mélange.

Conducteur d’épice : tout homme de Dune qui commande et pilote un engin à la surface d’Arrakis.

Usine à épice (ou épiçage) : voir Chenille.

Erg : mer de sable, zone de dunes.

Étrange (art) : méthode de combat qui participe de la sorcellerie et de la magie.


F

Fai : le tribut d’eau. Le principal impôt d’Arrakis.

Faiseur : voir Shai-hulud.

Fanemétal : métal formé par l’addition de cristaux de jasmium dans du duraluminium. Apprécié pour son rapport poids/résistance particulièrement élevé.

Fardeau de l’eau : pour les Fremen : une obligation mortelle.

Faufreluches : système de classes rigide mis en place par l’Imperium. « Une place pour chaque homme et chaque homme à sa place. »

Fedaykin : commandos de la mort fremen. A l’origine formés pour redresser les torts.

Feu (pilier de) : pyrofusée de signalisation dans le désert.

Filtre : dispositif dont est muni un distille et qui permet de récupérer l’humidité de la respiration.

Fiqh : connaissance, loi religieuse. L’une des origines semi-légendaires de la religion des Vagabonds Zensunni.

Frégate : grand astronef qui peut se poser sur une planète.

Fremen : libres tribus d’Arrakis, habitants du désert, survivants des Vagabonds Zensunni. (« Pirates des sables », selon le Dictionnaire Impérial.)

Fremkit : trousse de survie fabriquée par les Fremen.


G

Galach : langage officiel de l’Imperium. Hybride Inglo-Slave fortement marqué par les différents langages spécialisés nés des migrations humaines.

Gamont : troisième planète de Niushe, renommée pour sa culture hédoniste et ses étranges pratiques sexuelles.

Gare : butte.

Geyrat : tout droit. Ordre lancé par l’homme de guide du ver.

Ghafla : s’abandonner à la distraction. Se dit d’une personne à laquelle on ne peut se fier.

Ghanima : ce que l’on acquiert durant le combat. Plus communément : souvenir de combat destiné à éveiller la mémoire.

Giedi prime : planète d’Ophiuchi B (36), monde natal de la Maison Harkonnen. Planète moyennement habitable à l’activité photo-synthétique réduite.

Ginaz (maison du) : alliés temporaires du duc Leto Atréides. Défaits par Grumman pendant la Guerre des Assassins.

Giudichar : sainte vérité. (Voir Mantène.)

Grande Convention : désigne la trêve universelle établie par la Guilde, les Grandes Maisons et l’Imperium. Elle interdit l’usage des armes atomiques contre des êtres humains. Chacun de ses édits commence par la phrase : « Les formes doivent être obéies…»

Grande Mère : la déesse à cornes, le principe féminin de l’espace (Mère-Espace), visage féminin de la trinité mâle-femme-neutre reconnue comme l’Être Suprême par de nombreuses religions de l’Imperium.

Grande Révolte : terme courant pour désigner le Jihad Butlérien. (Voir Jihad Butlérien.)

Gridex (plan) : séparateur à charge différentielle utilisé pour dégager l’épice du sable.

Grumman : seconde planète de Niushe. Surtout connue pour les démêlés de sa Maison régnante (Moritani) avec la Maison du Ginaz.

Gom jabbar : Le haut-ennemi. Aiguille enduite de méta-cyanure et utilisée par les Rectrices du Bene Gesserit pour l’épreuve d’humanité.

Goûte-poison : analyseur à rayons destiné à détecter les substances toxiques.

Guerre des Assassins : forme de conflit limité autorisée par la Grande Convention et la Guilde de Paix dans le but d’épargner les populations innocentes en réglementant l’usage des armes et en instituant la déclaration préalable des objectifs.

Guetteurs : ornithoptères chargés de la surveillance d’un groupe d’épiçage.

Guilde : Guilde Spatiale. Un des trois éléments du tripode sur lequel repose la Grande Convention. La Guilde constitue la seconde école d’éducation psycho-physique (voir Bene Gesserit) fondée après le Jihad Butlérien. La Guilde a le monopole du voyage spatial et de la banque. Le Calendrier Impérial est daté de sa création.


H

Hagal : la « planète des joyaux » (II Têta Shaowei). Mise en exploitation sous Shaddam Ier.

Haiiii-yoh ! : en avant ! Ordre lancé par l’homme de guide du ver.

Hajj : saint voyage.

Hajr : voyage dans le désert, migration.

Hajra : voyage de recherche.

Hal yawm : Enfin ! (Exclamation fremen.)

Hameçons à faiseur : crochets de métal utilisés pour la capture, la monte et le guidage d’un ver des sables.

Harmonthep : Ingsley avance le nom de cette planète comme sixième station de la migration des Zensunni. On suppose qu’il s’agissait d’un satellite de Delta Pavonis disparu depuis.

Haut Conseil : cercle intérieur du Landsraad habilité à agir comme tribunal suprême dans les conflits entre Maisons.

Hiereg : camp volant fremen dans le désert.

Holtzman (effet) : effet de répulsion négative d’un générateur de bouclier.

Hors freyn : terme galach pour « étranger proche ». C’est-à-dire : qui n’appartient pas à la communauté.


I

Ibad (yeux de l’) : effet caractéristique de l’épice qui fond le blanc de l’œil et l’iris en un bleu foncé.

Ibn qirtaiba : « Ainsi vont les saints mots…» Début rituel de toute incantation religieuse fremen (issue de la panoplia propheticus.)

Ichwan bedwine : fraternité des Fremen sur Arrakis.

Ijaz : prophétie qui, par sa nature même, ne peut être niée.

Ikhut-eigh ! : cri du porteur d’eau sur Arrakis. (Étymologie incertaine.) (Voir également Soo-Soo Sook !)

Ilm : théologie. Science de la tradition religieuse. L’une des origines semi-légendaires de la foi des Vagabonds Zensunni.

Impérial (conditionnement) : le plus puissant des conditionnements pouvant affecter un être humain. Mis au point par l’École Suk. Les initiés ont sur le front un tatouage en forme de diamant et sont autorisés à porter les cheveux longs, maintenus par un anneau d’argent.

Istislah : règle établie pour le bien général. Annonce généralement une mesure brutale.

Ix : voir Richèse.


J

Jihad : croisade religieuse.

Jihad Butlérien (voir aussi Grande Révolte) : croisade lancée contre les ordinateurs, les machines pensantes et les robots conscients en 201 avant la Guilde et qui prit fin en 108. Son principal commandement figure dans la Bible C. O. : « Tu ne feras point de machine à l’esprit de l’homme semblable. »

Jolitre : récipient d’un litre destiné à recevoir l’eau, sur Arrakis. Fait de plastique à haute densité et muni d’un sceau à charge positive.

Jubba : cape portée en toute occasion par-dessus le distille. Peut admettre ou réverbérer la chaleur, se transformer en hamac ou même en abri.


K

Karama : miracle. Action du monde spirituel.

Khala : invocation traditionnelle destinée à calmer les esprits courroucés que l’on mentionne.

Kindjal : épée courte à double tranchant, légèrement courbe, longue d’environ 20 centimètres.

Kiswa : tout dessin appartenant à la mythologie fremen.

Kitab al-Ibar : manuel religieux et pratique rédigé par les Fremen.

Krimskell (fibre ou corde de) : la « fibre croc » provenant des plants d’huluf d’Ecaz. Les nœuds d’une corde de krimskell se serrent d’eux-mêmes à la moindre traction. (Pour une étude détaillée, voir l’ouvrage de Holjance Vohnbrook : « Les vignes étrangleuses d’Ecaz. »)

Krys : couteau sacré des Fremen. Il est fait en deux versions, fixe et instable, à partir de la dent du ver des sables. Un couteau instable se désintègre à distance du champ électrique d’un organisme humain. Les couteaux fixes sont traités pour être stockés. Les uns comme les autres ne dépassent pas 20 centimètres de longueur.

Kull Wahad ! : « Je suis bouleversé ! » Exclamation de totale surprise répandue dans l’Imperium. Son sens exact dépend du contexte. (On prétend que Muad’Dib, voyant un faucon du désert s’extraire de sa coquille se serait écrié : « Kull Wahad ! »)

Kulon : âne sauvage des steppes asiatiques de Terra, acclimaté sur Arrakis.

Kwisatz Haderach : « Le court chemin ». Ainsi les Bene Gesserit désignaient-elles l’inconnu pour lequel elles cherchaient une solution génétique, le mâle B. G. dont les pouvoirs psychiques couvriraient l’espace et le temps.


L

La, la, la : exclamation de chagrin chez les Fremen. Ultime dénégation.

Lancette : désigne toute lame courte, fine, souvent enduite de poison et utilisée de la main gauche lors d’un combat au bouclier.

Lecteur de temps : personne formée aux diverses méthodes de prédiction du temps sur Arrakis. (Sondage du sable, examen des vents…)

Légion (impériale) : dix brigades (environ 30000 hommes).

Liban : infusion de farine de yucca. A l’origine, boisson à base de lait aigre.

Libres commerçants : Contrebandiers.

Lisan al-Gaib : « La voix d’ailleurs. » Dans les légendes messianiques fremen, le prophète étranger. Parfois traduit par « Donneur d’eau ». (Voir Mahdi.)

Long-courrier : Principal vaisseau de transport de la Guilde.


M

Mahdi : dans les légendes messianiques fremen : « Celui Qui Nous Conduira Au Paradis. »

Maison : désigne le Clan Régnant d’une planète ou d’un ensemble de planètes.

Maison majeure : maison qui détient des fiefs planétaires. Entrepreneur interplanétaire. (Voir Maison).

Maison mineure : entrepreneur planétaire. (En Galach : « Richece »).

Maître de sable : désigne celui qui dirige les opérations d’épiçage.

Manière : associé à Bene Gesserit : observation attentive et minutieuse.

Mantène : sagesse secrète, principe premier. (Giudichar.)

Manuel des Assassins : résultat de trois siècles de compilation sur les poisons, ce manuel était d’usage courant durant les Guerres des Assassins. Il fut plus tard augmenté d’une étude sur tous les engins autorisés par la Grande Convention et la Guilde de Paix.

Marcheur des sables : désigne tout Fremen entraîné à survivre dans le désert.

Marée de sable : effet de marée produit par le soleil et les lunes dans certaines importantes dépressions d’Arrakis où la poussière s’est accumulée au fil des siècles.

Marteleur : tige munie d’un ressort et destinée à produire un bruit sourd et rythmé dans le sable afin d’attirer le shai-hulud. (Voir hameçons à faiseur.)

Mashad : toute épreuve dont dépend l’honneur.

Masse d’épice : masse de végétation fongoïde produite par le mélange de l’eau et des excrétions du Petit Faiseur. A ce stade, l’épice d’Arrakis produit une « explosion » caractéristique qui permet l’échange entre les matières souterraines et celles de la surface. Cette masse, après avoir été exposée au soleil et à l’air, devient la véritable épice, le Mélange. (Voir également Mélange et Eau de, Vie.)

Maula : esclave.

Maula (pistolet) : arme à ressort lançant des aiguilles empoisonnées. Portée approximative : 40 mètres.

Mélange : l’« épice des épices » dont Arrakis constitue l’unique source. L’épice, utilisé surtout pour ses qualités gériatriques, provoque une légère accoutumance et devient très dangereux dans le cas d’une absorption supérieure à deux grammes par jour pour un organisme de soixante-dix kilos. (Voir Ibad, Eau de vie et Masse d’épice.) L’épice serait la clé des pouvoirs prophétiques de Muad’Dib et, également, des navigateurs de la Guilde. Son prix, sur le marché impérial, a parfois dépassé 620000 solaris le décigramme.

Mentat : classe de citoyens de l’Imperium formés à la logique la plus poussée. Appelés « ordinateurs humains ».

Mesures d’eau : Anneaux de métal de différents diamètres destinés à servir de monnaie d’échange pour l’eau. Les mesures d’eau ont une signification symbolique profonde dans le rituel de naissance, de mort et de mariage.

Métaglass : verre formé à haute température entre des feuilles de quartz de jasmium. Particulièrement apprécié pour sa résistance (environ 450 tonnes au centimètre carré pour deux centimètres d’épaisseur) et ses capacités de filtre sélectif.

Mihna : la saison de l’épreuve pour les jeunes Fremen destinés à devenir des adultes.

Minimic (film) : shigavrille d’un micron de diamètre utilisée pour la transmission d’information dans le domaine de l’espionnage.

Mish-mish : abricots.

Misr : « Le peuple ». Ainsi se désignaient eux-mêmes les Zensunni (Fremen).

Missionaria protectiva : le bras du Bene Gesserit chargé de semer la superstition sur les mondes primitifs et de les préparer ainsi à l’exploitation du Bene Gesserit. (Voir Panoplia propheticus.)

Moissonneuse : machine de grandes dimensions (en général 120 mètres sur 40) destinée à récolter l’épice sur les gisements riches. Souvent appelée simplement chenille en raison de son aspect.

Monitor : engin spatial de combat formé de dix sections, lourdement blindé et muni de boucliers. Les sections se séparent pour regagner l’espace à partir d’une planète.

Muad’Dib : souris-kangourou adaptée à Arrakis. Associée à la mythologie fremen, sa silhouette étant visible sur la seconde lune de la planète. Ce petit animal est admiré par les Fremen pour sa capacité d’adaptation au désert.

Mudir Nahya : nom fremen pour Rabban (Rabban la Bête, Comte de Lankiveil), cousin des Harkonnens qui fut siridar – gouverneur d’Arrakis pendant quelques années. Appelé quelquefois « Maître Démon ».

Mushtamal : petit jardin annexe.

Musky : poison administré dans une boisson. (Voir Chaumurky.)

Mu zein wallah ! Mu zein signifie littéralement : « rien de bon », et wallah est une exclamation terminale. Précède généralement une malédiction fremen à l’encontre d’un ennemi.


N

Na : préfixe signifiant « nommément » ou « le prochain ». Ainsi, na-Bafon désigne l’héritier apparent d’une baronnie.

Naib : celui qui a juré de n’être jamais pris vivant par l’ennemi. Serment traditionnel d’un chef fremen.

Nezhoni (mouchoir) : carré d’étoffe porté sous le distille par les épouses ou les compagnes fremen après la naissance d’un fils.

Noukkers : officiers du corps impérial qui sont liés par le sang à l’Empereur. Titre traditionnel des fils des concubines royales.


O

Objectifs à huile : huile d’huluf maintenue sous tension par deux champs de force à l’intérieur d’un tube. Chaque objectif à huile peut être réglé séparément avec une précision de l’ordre du micron. Les objectifs à huile sont considérés comme l’achèvement ultime de l’optique.

Opaflamme : opaline très rare de Hagal.

Ornithoptère (plus communément appelé orni) : engin aérien à ailes mobiles dont le principe de sustentation est analogue à celui des oiseaux.


P

Panoplia propheticus : ce terme recouvre toutes les superstitions utilisées par le Bene Gesserit pour l’exploitation des régions primitives. (Voir Missionaria Protectiva.)

Paracompas : désigne tout compas indiquant les anomalies magnétiques locales. Utilisé lorsque des cartes sont disponibles et lorsque le champ magnétique d’une planète est particulièrement instable.

Pentabouclier : générateur de champ de force portatif, utilisé pour protéger les couloirs et les portes. (Les boucliers d’appoint deviennent de plus en plus instables avec l’augmentation des différents champs.) Le pentabouclier est virtuellement infranchissable pour quiconque ne possède pas un désactivateur réglé sur le code. (Voir Porte de prudence.)

Petit Faiseur : semi-plante, semi-animal qui est à l’origine de la naissance du ver des sables d’Arrakis et dont les excrétions forment la masse d’épice.

Piège à vent : appareil placé sur le parcours des vents dominants et qui condense l’humidité par l’effet d’un brusque abaissement de température.

Pleniscenta : plante verte d’Ecaz renommée pour son parfum.

Poritrin : troisième planète d’Epsilon Alangue, considérée par de nombreux Zensunni comme leur monde natal, quoique leur langage et leur mythologie indiquent des origines plus lointaines.

Porteur d’eau : Fremen chargé des devoirs rituels de l’eau et de l’Eau de Vie.

Portyguls : oranges.

Prana (Musculature — Prana) : Les muscles du corps considérés comme autant d’unités pour l’ultime entraînement. (Voir Bindu.)

Première lune : satellite naturel principal d’Arrakis et le premier à apparaître. La forme d’un poing humain est visible à sa surface.

Procès-verbal : rapport semi-officiel sur un crime commis contre l’imperium.

Prudence (porte de) : pentabouclier destiné à empêcher la fuite de certaines personnes. (Voir Pentabouclier.)

Pundi (riz) : variété de riz mutante dont les grains, riches en sucre naturel, atteignent parfois quatre centimètres de long. Principale exportation de Caladan.

Pyons : paysans ou travailleurs locaux d’une planète. Formaient l’une des classes inférieures sous le système des Faufreluches. Légalement : gardiens de la planète.

Pyrétique (conscience) : « Conscience du feu ». Niveau d’inhibition du conditionnement impérial. (Voir Conditionnement impérial.)


Q

Qanat : canal d’irrigation à ciel ouvert acheminant l’eau à travers le désert, sur Arrakis.

Qirtaiba : Voir Ibn Qirtaiba.

Quizara tafwid : prêtres fremen (après Muad’Dib.)


R

Rachag : stimulant à base de caféine extrait des baies jaunes de l’akarso. (Voir Akarso.)

Ramadhan : ancienne période religieuse marquée par le jeûne et la prière. Traditionnellement, neuvième mois du calendrier lunaire et solaire. Les Fremen le mesurent au passage de la première lune à la verticale du neuvième méridien.

Ramasseurs de rosée : ceux qui prélèvent la rosée sur les plantes d’Arrakis à l’aide d’une sorte de serpe.

Rectrice : désigne une Révérende Mère du Bene Gesserit qui dirige également une école régionale B. G. (Appelée communément : Bene Gesserit avec le Regard.)

Rétribution : forme féodale de vengeance, strictement limitée par la Grande Convention. (Voir Arbitre du Changement.)

Razzia : raid de guérilla.

Recycles : tubes reliant le dispositif de traitement des déjections du distille aux filtres de recyclage.

Repkit : nécessaire de réparation du distille.

Révérende Mère : à l’origine, une rectrice du Bene Gesserit qui a transformé le « poison d’illumination » dans son corps pour atteindre le plus haut degré de perception. Titre adopté par les Fremen pour leurs propres chefs religieux qui connaissent une épreuve similaire. (Voir également Bene Gesserit et Eau de Vie.)

Richèse : quatrième planète d’Eridani A, renommée, avec Ix, pour sa civilisation technique. Spécialisée dans la miniaturisation. (Pour de plus amples détails quant à la façon dont Richèse et Ix ont échappé aux effets principaux du Jihad Butlérien, voir Le dernier Jihad, par Sumer et Kautman).

Ruh (esprit) : dans la croyance fremen, cette part de l’individu qui est en contact permanent avec le monde métaphysique. (Voir Alam al-Mithal.)

Résiduel (poison) : innovation dans le domaine des poisons attribuée au Mentat Piter de Vries et qui consiste à injecter dans l’organisme une substance toxique dont les effets doivent être annulés par des doses répétées d’antidote. La suppression de l’antidote provoque la mort.


S

Sables-tambours : couche de sable dont la densité est telle qu’un coup frappé en surface produit le son caractéristique d’un tambour.

Sadus : juges. Pour les Fremen : juges saints.

Salusa Secundus : troisième planète de Gamma Waiping. Choisie comme Planète-prison impériale après que la Cour se fut retirée sur Kaitain. Salusa Secundus est le monde originel de la Maison de Corrino et la seconde station des Vagabonds Zensunni. La tradition fremen rapporte qu’ils furent maintenus en esclavage sur Salusa Secundus durant neuf générations.

Sapho : liquide hautement énergétique extrait de racines d’Ecaz. Communément en usage chez les Mentats dont il augmenterait les pouvoirs. Provoque l’apparition de taches rubis sur les lèvres.

Sardaukar : soldats fanatiques de l’Empereur Padishah. Ces hommes étaient formés dans un milieu hostile au sein duquel six personnes sur treize trouvaient la mort avant d’atteindre l’âge de onze ans. Leur entraînement militaire impitoyable développait leur férocité tout en éliminant presque l’instinct de conservation. Dès l’enfance, on leur enseignait l’utilisation de la cruauté et de la terreur. Ils furent au combat les égaux des soldats du dixième niveau du Ginaz et leur habileté en combat singulier était comparable à celle d’un adepte du Bene Gesserit. Chaque Sardaukar équivalait à dix combattants ordinaires du Landsraad. Sous le règne de Shaddam IV, leur puissance subit l’effet de leur trop grande confiance et leur mystique guerrière fut sapée par le cynisme.

Sarfa : l’acte de se détourner de Dieu.

Sayyadina : acolyte féminine dans la hiérarchie religieuse fremen.

Sceau de porte : dispositif portatif d’obturation en plastique destiné à retenir l’humidité à l’intérieur des grottes fremen, durant le jour.

Schlag : animal originaire de Tupile, renommé pour son cuir mince et dur et qui fut chassé jusqu’à ce que l’espèce soit en voie de disparition.

Seconde lune : le plus petit des deux satellites naturels d’Arrakis. Certains détails de sa surface semblent former l’image d’une souris-kangourou.

Selamlik : Salle d’Audience Impériale.

Sélection (index de) : index où le Bene Gesserit enregistrait le développement de son programme de sélection génétique destiné à produire le Kwisatz Haderach.

Sémuta : narcotique. Dérivé secondaire de la torréfaction du bois d’elacca. Ses effets (suspension du temps, extase) sont accrus par certaines vibrations atonales appelées « musique de la sémuta ».

Serrure à main : désigne tout dispositif de fermeture qui peut être ouvert par le simple contact d’une main humaine pour laquelle il a été programmé.

Servok : mécanisme automatique destiné à des tâches simples. L’un des rares appareils de ce type autorisé après le Jihad Butlérien.

Shadout : Qui creuse les puits. Titre honorifique.

Shah-Nama : Le Premier Livre semi-légendaire des Vagabonds Zensunni.

Shai-Hulud : ver des sables d’Arrakis, « le vieil homme du désert », « le vieux père éternité », « le grand-père du désert ». Il est significatif que ces noms, prononcés d’une certaine façon ou écrits avec des majuscules, désignent la déité terrestre des superstitions fremen. Les vers des sables atteignent des dimensions colossales (on a observé dans le désert profond des vers de 400 mètres de long) et vivent très longtemps quand ils ne se tuent pas entre eux ou ne se noient pas dans l’eau qui, pour eux, est toxique. On pense qu’une grande partie du sable qui recouvre Arrakis est produit par l’action des vers. (Voir Petit Faiseur.)

Shaitan : Satan.

Shari-a : partie de la panoplia propheticus qui concerne les rites superstitieux. (Voir Missionaria Protectiva.)

Shigavrille : produit métallique d’une plante (la Narvi narviium) qui ne pousse que sur Salusa Secundus et III Delta Kaising. Réputé pour son extrême résistance à la traction.

Sietch : terme Fremen pour « lieu de réunion en période de danger ». Les Fremen vécurent si longtemps dans le danger que le terme finit par désigner toute grotte habitée par une communauté tribale.

Sihaya : terme fremen désignant le printemps du désert avec des implications religieuses sur la fécondité et « le paradis à venir ».

Sillon : dépression entourée de terrains élevés, sur Arrakis, et protégée des tempêtes. Zone habitable.

Sirat : passage de la Bible C. O. qui décrit la vie humaine comme le passage sur un pont étroit (le Sirat) avec « le Paradis sur ma droite, l’Enfer sur ma gauche, et l’Ange de la Mort derrière moi ».

Solari : unité monétaire de l’Imperium dont la valeur était fixée par la Guilde, le Landsraad et l’Empereur.

Solido : image tri-dimensionnelle issue d’un projecteur solido utilisant les signaux à 360° inscrits sur une bobine de shigavrille. Les solido ixiens sont les plus réputés.

Sondagi : tulipe-fougère de Tupali.

Sonder le sable : art qui consiste à planter des tiges fibro-plastiques dans les étendues désertiques d’Arrakis et à interpréter les traces laissées par les tempêtes de sable pour essayer de prédire le temps.

Soo-Soo Sook ! : cri du marchand d’eau sur Arrakis. Sook désigne la place du marché. (Voir Ikhut-eigh !)

Subakh ul kuhar : « Comment allez-vous ? » Formule de politesse fremen.

Subakh un nar : « Ça va. Et vous ? » Réponse traditionnelle à la formule précédente.

Suspenseur : application de l’effet de phase d’un générateur de champ Holtzman. Le suspenseur annule la gravité dans certaines limites relatives à la masse et à l’énergie consommée.


T

Tahaddi al-Burhan : épreuve ultime pour laquelle il ne saurait y avoir d’appel (en général parce que son issue est la mort).

Tahaddi (défi du) : défi fremen annonçant un combat à mort.

Taillerays : laser à faible portée, modifié pour être utilisé comme outil de taille ou scalpel chirurgical.

Taqwa : littéralement : « le prix de la liberté ». Quelque chose de grande valeur. Ce qu’un dieu exige d’un mortel. La peur suscitée par cette demande.

Tau : en terme fremen, l’unité d’une communauté sietch induite par l’épice et plus spécialement à la suite de l’orgie tau au cours de laquelle on absorbe l’Eau de Vie.

Tleilax : unique planète de Thalim, centre de formation « clandestin » de Mentats « tordus ».

Transe de vérité : transe semi-hypnotique provoquée par certains narcotiques de perception et au cours de laquelle on décèle le mensonge par les plus infimes détails. (Note : les narcotiques de perception sont fréquemment fatals, sauf pour les individus capables de modifier la structure du poison dans leur organisme.)

Tupile : « planète-sanctuaire » (il y en eut probablement plusieurs) des Maisons de l’Imperium défaites et dont la situation n’est connue que de la Guilde. Cet asile est demeuré inviolé pendant toute la durée de la Paix de la Guilde.


U

Ulema : docteur en théologie des Zensunni.

Umma : membre de l’une des fraternités de prophètes. Terme de mépris dans l’Imperium pour toute personne « bizarre ».

Uroshnor : l’un des mots dépourvus de sens particulier et que les Bene Gesserit implantent dans l’esprit de leurs victimes pour les contrôler. Celles-ci, lorsque le mot est prononcé, sont immobilisées.

Usul : terme fremen signifiant : « La base du pilier. »


V

Varota : luthier fameux pour ses balisettes. Natif de Chusuk.

Vérité : narcotique d’Ecaz qui annihile la volonté. Interdit tout mensonge à celui qui l’absorbe.

Ver des sables : Voir Shai-Hulud.

Vidangeur : terme général désignant les astronefs-cargos de forme irrégulière chargés de déverser des matériaux depuis l’espace vers la surface d’une planète.

Vinencre : plante rampante originaire de Giedi Prime et dont les maîtres d’esclaves se servent fréquemment comme d’un fouet. Laisse dans la chair une cicatrice de couleur rouge sombre et une douleur résiduelle qui subsiste durant des années.

Voix (la) : effet de l’éducation Bene Gesserit. Permet aux adeptes de sélectionner certaines harmoniques de leur voix afin de contrôler les individus.


W

Wali : jeune Fremen inexpérimenté.

Wallach Ix : neuvième planète de Laoujin qui abrite l’École Mère du Bene Gesserit.


Y

Ya hya chouhada : « Longue vie aux combattants ! » Cri de bataille des Fedaykin. Ya (maintenant) est ici augmenté de la forme hya (maintenant prolongé éternellement). Chouhada (combattants) a ici le sens précis de combattants contre l’injustice.

Yali : appartement personnel d’un Fremen à l’intérieur d’un sietch.

Ya ! Ya ! Yawm ! : chant rythmé fremen pour les rites les plus importants. Ya a le sens de : « Maintenant, faites bien attention ! » La forme yawm accentue l’urgence. Ce chant est en général traduit par : « Maintenant, écoutez bien ! »


Z

Zensunni : adeptes de la secte schismatique qui rompit vers 1381 A. G. avec les enseignements de Mahomet (le soi-disant « Troisième Mahomet »). La religion des Zensunni se caractérise par l’importance accordée au mysticisme et le retour aux « voies de nos pères ». Certaines études indiquent qu’Ali Ben Ohashi aurait été à l’origine du schisme mais diverses preuves tendent à le faire apparaître comme un simple porte-parole de sa seconde épouse, Nisai.


Fin du tome 1
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